LES DATA CENTERS : ENTRE SOUVERAINETE DIGITALE ET PRESSION ENVIRONNEMENTALE
- Carmen Bertojo

- 31 mai
- 3 min de lecture
Saviez-vous que la capacité de calcul a été multipliée par un million en dix ans ? Une progression fulgurante, portée par les avancées technologiques et dopée par l’intelligence artificielle. Et la tendance ne ralentit pas.
D’ici 2025, le volume de données générées et stockées dans le monde aura quadruplé par rapport à 2020.
Entre ordinateurs, smartphones et tablettes, un jeune passe aujourd’hui 6 à 8 heures par jour devant un écran. Résultat : les besoins en infrastructures numériques explosent.
Chez RTE, les demandes de raccordement électrique pour les Data Centers seraient passées de moins de cinq en 2022… à plus d’une cinquantaine prévues pour 2025. Un bond qui illustre l’essor sans précédent de cette industrie.
Mais cette expansion accélérée soulève une autre réalité : l’empreinte environnementale massive de ces infrastructures.Certains Data Centers hyperscales consomment autant d’électricité qu’une ville de 100 000 habitants, et jusqu’à 600 000 m³ d’eau par an pour leur refroidissement. Soit l’équivalent de 200 bassins olympiques.
Longtemps perçus comme de simples machines invisibles au service du numérique, les Data Centers sont devenus de véritables actifs immobiliers complexes, stratégiques… et énergivores.
Trois grandes familles de Data Centers
Les Hyperscales
Pilotés par les géants du numérique (Amazon, Google, Microsoft…), ils nécessitent des fonciers vastes, une puissance électrique gigantesque (jusqu’à 10 % d’un réacteur nucléaire) et une connectivité mondiale.
Les Grands et Moyens Data Centers
Souvent destinés à la colocation ou aux acteurs nationaux (banques, services publics…), ils s’installent en périphérie, là où la fibre est performante et la sécurité renforcée.
Les Edge Data Centers
Ultra-compacts, ils se rapprochent des utilisateurs pour minimiser la latence : 5G, IoT, industrie 4.0, véhicules autonomes… Ils incarnent la logique du « partout, tout de suite ».
Quel que soit leur gabarit, ces actifs imposent une réflexion immobilière de haut niveau : disponibilité énergétique, sécurité, performance de refroidissement, et surtout, intégration harmonieuse au tissu local.
France : une nouvelle terre d’attractivité numérique
Longtemps distancée par l’Irlande ou les Pays-Bas, la France a changé de dimension et attire désormais les investisseurs du numérique.Pourquoi ce regain d’intérêt ?
Une électricité à 90 % décarbonée, et surtout pilotable à 70 %, via un réseau stable et compétitif.
Une connectivité internationale de premier plan, grâce à près de 50 câbles sous-marins reliant la France au monde.
Un soutien politique affiché, avec le classement des Data Centers comme projets d’intérêt national majeur.
Résultat : entre performance énergétique et excellence réseau, la France devient un pôle numérique incontournable en Europe.
Le défi : concilier impératif stratégique et sobriété environnementale
Mais à mesure que les Data Centers se multiplient, leurs externalités deviennent de plus en plus visibles sur les territoires.• Seulement 5 à 10 % réutilisent leur chaleur fatale pour le chauffage urbain.• Le refroidissement peut absorber des volumes d’eau colossaux, dans un contexte de stress hydrique croissant.• Leur activité continue génère des nuisances sonores non négligeables.
Côté territoires, la vigilance monte : au-delà des emplois et recettes fiscales, se pose la question de l’acceptabilité sociale, de l’aménagement durable… et de l’équilibre à trouver entre intérêt national et résilience locale.
Vers un urbanisme numérique conscient et maîtrisé
Les Data Centers ne sont plus de simples infrastructures. Ce sont des usines numériques, avec leur propre vocabulaire, leurs codes et leurs contraintes.
Pour les collectivités, cela implique de monter en compétence : apprendre à parler alimentation en mégawatts, redondance réseau, modularité technique… mais aussi impact environnemental et insertion territoriale.
Chez Best Value, nous accompagnons les opérateurs comme les collectivités dans la construction de stratégies d’implantation intelligentes et partagées.
Bien conçus et correctement encadrés, ces équipements peuvent contribuer au développement local, à condition que leurs impacts soient anticipés et maîtrisés.






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